Veuillez trouver ci-après des informations suite aux dernières démarches ANIA vis-à-vis des enseignes de la distribution par rapport au sujet des pénalités déclenchées pour la période de crise sanitaire / confinement :
1/ Poursuite des échanges avec CARREFOUR :
Vous trouverez ci-après un compte rendu des échanges ANIA du 17 juillet avec Carrefour.
Etaient présents : Jérome Hamrit pour Carrefour, Dominique Chargé pour la Coopération Agricole, Richard Panquiault pour l’Ilec et Valérie Weil-Lancry et Marie Buisson pour l’ANIA.
- Point sur les engagements pris lors de l’entretien téléphonique du 3 juin, par Jérôme Hamrit :
2 types de courriers ont été adressés aux industriels :
- Un courrier adressé à la majorité des industriels confirmant l’annulation des pénalités adressées sur le mois d’avril, tout en faisant état de la nécessité d’un retour à la normal ;
- Pour un nombre restreint d’industriels ayant fait face à des taux de services particulièrement dégradés, un courrier demandant des justifications.
Sur le ratio entre les avis de pénalités adressés et les pénalités effectivement payées pour avril et mai, Jérôme Hamrit affirme que la grande majorité sera annulée :
- Pour avril = 1% de pénalités effectivement retenu après discussions.
- Pour mai = le ratio devrait être à peu près le même.
Vincent Arnoult (Directeur des marchandises PGC) et Florence Batchourine (Directrice du flux et approvisionnement) ont pris contact avec les responsables commerciaux et supply des industriels avec lesquels il y a eu des problématiques particulières pour en comprendre les raisons. L’objectif étant de retrouver le meilleur taux de service et la meilleure disponibilité en linéaire, et en aucun cas de faire repartir la « machine à pénalités ».
- Concernant l’annulation des pénalités de mars/avril/mai :
Nous avons signalé à Jérôme Hamrit que la plupart des industriels ont indiqué n’avoir reçu de Carrefour aucun courrier stipulant clairement une annulation des pénalités et que le courrier adressé récemment par l’enseigne était relativement ambigu.
Jérôme Hamrit nous a répondu qu’il n’était pas prévu d’annulation formelle de la part de l’enseigne. Face à notre insistance pour obtenir une annulation formelle, et plus de clarté sur la position de Carrefour concernant la 2ème quinzaine de mars, ainsi qu’avril et mai, Jérôme Hamrit a finalement semblé d’accord pour la rédaction d’une position formelle de Carrefour.
- Pour le mois de juin : mise en place d’une politique intermédiaire
Les avis de pénalités pour juin (qui auraient dû être envoyés à la mi-juillet) n’ont pas été envoyés pour le moment. Une réunion est prévue avec la direction de Carrefour et la supply pour adopter une position pour cette période. Le sujet de la rupture est un irritant pour le nouveau DG de Carrrefour, Rami Baitieh…
La politique des pénalités serait intermédiaire pour le mois de juin : l’enseigne ne sera pas sur des envois automatiques de pénalités. Les pénalités adressées sur juin devraient être estimées à 40% par rapport à une période normale et feront l’objet d’un débat contradictoire.
Par ailleurs, Jérôme Hamrit a annoncé diverses exclusions sur les pénalités du mois de juin :
- Exclusion pour les TPE ;
- Exclusion pour les PME mais pas en totalité car il y a eu des problématiques de services notamment pour les produits MDD ;
- Exclusion des familles de produits en surconsommation notoire
Pour juin, Carrefour privilégiera une prise de contact et une démarche de progrès avec une possible adaptation des taux de services et la définition de taux de services intermédiaires. Il est attendu des industriels des justifications précises en cas de non-respect des taux de services.
- Pour la période juillet/août :
Richard Panquiault et Dominique Chargé ont indiqué qu’il y a encore à date une désorganisation et qu’il ne peut y avoir de retour aux taux de services convenus dans les contrats. Il faudra également envisager un traitement des pénalités intermédiaire pour juillet et aout.
Il a été demandé de faire preuve de pragmatisme et de tolérance avec une approche qui s’inscrive dans le sens de la recommandation CEPC.
- Autres points abordés :
L’ANIA a profité de cet échange pour signaler à Carrefour la grande difficulté, soulignée depuis plusieurs mois, pour avoir un interlocuteur pour échanger sur le sujet des pénalités et respecter une véritable procédure contradictoire, beaucoup de courriers des entreprises restant sans réponse. L’Ilec et la Coopération Agricole ont largement soutenu ce point.
Jérôme Hamrit a semblé « surpris » de cette remontée et nous a indiqué avoir bien noté le point pour le remonter en interne. Il a toutefois indiqué que l’équipe de Florence Batchourine n’était pas encore totalement stabilisée et a reconnu un probable manque de transparence et d’incarnation.
L’ANIA a soulevé des cas de déductions d’offices qui ont été signalés. Selon Jérôme Hamrit cela n’est pas une pratique généralisée : cela sera vu avec le service juridique.
L’ANIA a également évoqué le fait que certains industriels continuaient de recevoir des commandes pour des produits dont ils ont clairement indiqué qu’ils n’étaient toujours pas disponibles et ne peuvent donc faire l’objet de pénalités. Jérôme Hamrit a pris le point et évoqué la possibilité de demander la sortie temporaire de l’assortiment.
Jérôme Hamrit nous a précisé que :
- Le groupe Carrefour considérait que les taux de services en fonction des différents distributeurs ont été très différents, ce qui peut laisser à penser que les industriels ont pu privilégier certains clients. Ce à quoi Richard Panquiault a rétorqué que les problématiques entrepôts spécifiques à Carrefour lui avaient certainement coûté plusieurs points de taux de service par rapport à ses concurrents.
- Selon Jerome Hamrit, au sein même de Carrefour un choix semble avoir été opéré par les industriels entre les plateformes (donc des « grappes » de magasins avec TS très faibles).
Enfin, Jérôme Hamrit a invité l’ANIA à lui adresser tout élément jugé utile de partager avec lui.
En conclusion, l’ensemble des représentants des fournisseurs Ania, Ilec et Coopération Agricole a insisté sur la nécessité d’un renfort de communication entre les équipes supply et commerciales de Carrefour et les industriels, de relations plus collaboratives qui permettront une amélioration des flux et des taux de services, plus qu’un recours à un système de pénalités automatisé : cela est vraiment un axe de progrès pour l’avenir.
2/ Sur les avis de pénalités reçus de la part de Système U avec effet rétroactif au 1er mars:
Le 8 juillet, Richard Girardot a adressé un courrier à Dominique Schelcher, Président de Système U, indiquant que de nombreux adhérents de l’ANIA l’avaient alerté suite à la réception d’avis de pénalités de la part de l’enseigne système U, avec effet rétroactif au 1er mars.
Richard Girardot a fait part de son indignation quant à l’application de pénalités logistiques, qui plus est de manière rétroactive, sur une période de crise sanitaire sans précédent et malgré les efforts remarquables des industriels pour approvisionner l’enseigne et nourrir les français. Richard Girardot a demandé le respect de la recommandation 19-01 de la CEPC prévoyant l’exonération des pénalités logistiques en période de crise sanitaire, confortée par la nouvelle recommandation CEPC n° 20-1 du 6 juillet, et sollicité une annulation des pénalités réclamées au cours de la période d’état d’urgence sanitaire.
Par un courrier du 9 juillet, Pascal Millory, Directeur Commercial de SU, a indiqué à l’ANIA que la décision avait été prise dès le 7 juillet de ne pas facturer les manquements signifiés aux grands fournisseurs sur la période du 17 mars au 23 juin.
Par une réponse du 9 juillet, Dominique Schelcher a quant à lui porté à l’attention de Richard Girardot les points suivants :
- L’esprit de collaboration auquel il a été fait référence pourrait également se traduire par la prise en compte par les entreprises alimentaires de la juste place de Système U sur le marché et de sa dynamique de croissance (SU occupe actuellement la 4ème place du marché et sa croissance est soutenue). Or différents éléments factuels laissent à penser que certains partenaires ne voient pas l’enseigne à ce niveau-là, pouvant conduire à certaines difficultés, au sujet desquelles SU estime pourtant avoir assez communiqué.
- Dominique Schelcher regrette le soutien de l’ANIA a certains projets de textes législatifs qui s’avèrent agressifs à l’encontre de la distribution (référence faite à la nouvelle proposition de loi visant à rééquilibrer les relations entre la grande distribution et ses fournisseurs, venant d’être publiée sous l’impulsion du député G. Besson-Moreau). Il en appelle à des discussions plus constructives permettant d’envisager les choses différemment à l’issue de la période chahutée que nous venons tous de connaître.
Suite à ce message, Richard Girardot a sollicité un entretien avec Dominique Schelcher afin d’écarter tout esprit de polémique inutile entre Système U et l’ANIA. Cet entretien aura lieu à la rentrée.