LSA – L’e-commerce plombe les marges des distributeurs alimentaires

Économie Le 15/09/2021

L’e-commerce alimentaire a décollé en France pendant la pandémie : plus de 8% des ventes sont depuis 2020 réalisées en ligne, contre 3% en Italie et à peine plus de 2% en Espagne et en Allemagne, comme le montre le graphique ci-dessous, tiré d’une étude Euler Hermes intitulée L’essor du e-commerce dans la distribution alimentaire, publiée ce 15 septembre 2021.

 

 

Les ventes en lignes de produits alimentaires ont par exemple progressé de 125% pour le groupe Carrefour en 2020, et de près de 80% pour le groupe Casino, comme le montre ce schéma.

 

 

Cette bascule présente une double menace pour les géants de la distribution brick and mortar : ceux qui ne se sont pas assez mobilisés sur la question de l’e-commerce risquent de perdre des parts de marchés, au profit des acteurs traditionnels du secteur plus engagés, ou de purs e-commerçants.

Le décollage de l’e-commerce pèse par ailleurs sur la rentabilité de la distribution alimentaire : le clients qui se déplaçait en magasin et choisissait ses produits dans les rayons reste désormais tranquillement chez lui. Cette partie de la chaîne de valeur, qui était avant gérée par le consommateur, est donc aujourd’hui rebasculée sur le distributeur. Or il est rare que les frais de préparation de commande et éventuellement de livraison à domicile (pour les acheteurs qui ne choisissent pas l’option drive) facturés au client représentent le coût réel de toutes ces opérations logistiques. La marge Ebitda (bénéfices qu’une entreprise génère avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) des acteurs traditionnels du secteur, qui est en moyenne de 3,7% en Europe selon Euler Hermes, s’en trouve donc grevée.

Selon les auteurs de l’étude, à chaque fois qu’1% des ventes de produits alimentaires bascule de la commercialisation en magasin vers la vente en ligne, 500 millions d’euros de profits s’envolent en fumée pour les distributeurs des pays membres de l’Union européenne et du Royaume-Uni, si l’on estime que leur marge e-commerce est à 0%, ce qui est optimiste. Si elle est de -5%, c’est 1,2 milliard d’euros de profits qui s’évaporent et 1,9 milliard si elles est a -10%, comme le montre le graphique ci-dessous.

 

Pour se protéger de ce risque, les distributeurs vont devoir investir massivement pour rendre leur activité e-commerce rentable. Pendant la pandémie, les investissements réalisés dans la vente en ligne visaient avant tout à servir un plus grand nombre de clients, pour faire face à une demande croissante. Désormais, ils vont devoir se concentrer sur la profitabilité, en boostant l’efficacité de leur chaîne logistique, en automatisant par exemple leurs entrepôts, comme l’ont fait depuis des années les acteurs de l’e-commerce, Amazon en tête.

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