Livre Christophe Brusset “Et maintenant on mange quoi?” // Résumé et position ANIA

Économie Le 30/10/2018

Dans son nouveau livre, « Et maintenant, on mange quoi ? » paru le 10 octobre 2018, il poursuit son attaque contre l’industrie agroalimentaire (mais pas que) et évoque ses expériences dans les coulisses des process de fabrication de produits transformés (épices, miel, charcuterie, plats préparés…). Il dénonce une généralisation de la « malbouffe industrielle » et de « mauvaises pratiques » des industriels ainsi que les dégâts provoqués en termes de santé publique. Dans cet ouvrage, dans lequel il se proclame encore une nouvelle fois en « repenti du secteur », il explique comment « éviter les principaux pièges tendus par les fabricants et leurs lobbies », mais aussi par la grande distribution et son marketing.

 

De nombreux médias en ont parlé et Christophe Brusset a été l’invité de nombreuses émissions (radio/TV). Son positionnement d’ancien acteur « du système », qui sur le ton de la confidence dévoile les coulisses, en fait un « très bon client ».  Le traitement est extrêmement violent envers les entreprises alimentaires mais sont aussi critiqués les organismes de contrôles, les autorités scientifiques, les pouvoirs publics, les distributeurs… tout le monde en prend pour son grade sans qu’il propose d’alternatives 100% satisfaisantes.

 

La méthode : raconter des expériences passées (de fraudes) et en tirer des généralités. L’ANIA a publié sur son site internet une position ferme en réponse à ces attaques (ci-joint ou sur notre site).

 

 

RÉSUMÉ DU LIVRE

 

La première partie du livre est consacrée aux étiquettes, labels et autres appellations et la deuxième partie décrypte rayon par rayon les « dessous » des produits phares des supermarchés. Des produits frais aux denrées du petit-déjeuner en passant par les plats surgelés, il multiplie les conseils et les mises en garde.

 

 

  • Chapitre 1 : Pesticides, additifs, conservateurs

L’augmentation de la productivité a permis de faire baisser les prix mais cela a entrainé une baisse de la qualité : « La mondialisation et l’industrialisation ont aussi permis à toutes sortes d’industriels peu scrupuleux d’inonder le marché de produits falsifiés ou de mauvaise qualité, commercialisés à bas coûts. Produits que de nombreux négociants et transformateurs de l’agroalimentaire se sont empressés d’adopter pour augmenter leurs marges … Ni vus ni connus ! » p28

 

Critique des LMR : 6 % des fruits et légumes commercialisés en France et analysés par la DGCCRF sont non-conformes, toxiques et ne devraient pas être mis sur le marché. Les LMR étant données la façon dont elles sont fixées sont « des décisions plus politico-économiques que scientifiques et sanitaires »

« Si vous entendez un politicien ou un industriel dire que la qualité de notre alimentation s’améliore, gardez en tête ce seuil étrangement immuable de 6 % de produits impropres à la consommation. » p 34

 

Même chose pour la DJA des additifs. Certains n’ayant même pas de DJA (aluminium).

 

L’auteur donne l’exemple d’un miel chinois importé en Belgique qui sur le papier possédait toute la conformité à la réglementation sanitaire). Un client a refait des analyses et a découvert la présence de fortes doses d’antibiotiques.

 

Au sujet de l’étude sur les aliments ultra transformés de l’Inserm, publiée le 15 février 2018 dans British Medical Journal : « Cette recherche, absolument fantastique par son ampleur, menée sur 104 980 personnes depuis 2009, montre qu’une augmentation de 10 % de la consommation de nourriture industrielle contenant des additifs alimentaires divers (nourriture qualifiée d’ultra-transformée) accroît de 12 % le risque de contacter un cancer. » p46

 

 

  • Chapitre 2 : Food Business 

 

L’agriculture raisonnée et l’agriculture « naturelle » gagnent du terrain.

Pour l’auteur, il serait possible au niveau des industriels de réduire l’utilisation d’additifs chimiques. Il donne l’exemple de sandwich vendus en Angleterre, qualitatifs avec une durée de 3 jours. p 49 -50

 

L’objectif des industriels est de se faire toujours plus de marge. « Les industriels, en cherchant continuellement à produire plus pour encore moins cher, ont comme seul objectif de faire toujours plus de marge en se moquant pas mal du reste ! (…) La grande majorité des entreprises ne veulent en aucun cas votre bien et votre bonheur : votre argent leur suffit amplement, soyez-en sûrs. Une entreprise n’est ni un service social de l’Etat ni une œuvre caritative. » p 52-53

 

Les acteurs incriminés : 

  • Les producteurs
  • Les courtiers et négociants
  • Les organismes de contrôle, certificateurs et les laboratoires d’analyses
  • La grande distribution
  • Les administrations
  • Les responsables politiques
  • Les lobbies et les associations de consommateurs

 

Comparaison avec l’industrie du tabac et le nombre de morts causés par la malbouffe : « Quant à la malbouffe de chez Kentucky Mac Cola et consorts, elle serait responsable d’un décès par maladie sur 5 à l’échelle mondiale, soit environ 12 millions de morts par an, selon une étude publiée en septembre 2017 dans la très réputée revue scientifique The Lancet. Et encore, ne sont comptés que les décès directement causés par les maladies induites par la malbouffe. » p62

 

P67, l’auteur donne des exemples d’enrichissement des industriels au détriment de la santé des consommateurs : additifs toxiques dans les recettes pour allonger leur durée de vie, huile de palme dans la mayonnaise…

 

Focus sur les négociants, les traders, sur les organismes certificateurs, et son organisation.

 

  • Chapitre 3 : Les lobbies

 

Il existe des failles au sein des douanes et de la DGCCRF.

Exemple avec le thé : « Les Fraudes avaient bloqué tous nos lots de thé, des centaines de tonnes tout de même, car ils étaient très chargés en pesticides, largement au-dessus des normes. Après une période de flottement, les agents des fraudes avaient fini par débloquer la marchandise (sans nous donner le moindre écrit) pour que nous puissions la vendre discrètement et importer du thé moins « pollué » par la suite. » p78 -79

Exemple aujourd’hui avec le Filpronil, avec une fraude qui n’a pas été sanctionnée.

 

Focus sur les lobbys à Bruxelles et leur travail avec le Parlement Européen. Un article du 8 mai 2014 dans The Guardian, indique que le nombre de lobbyistes serait monté à plus 30 000.

 

L’auteur donne l’exemple de Monsanto avec le Roundup vendu comme le premier désherbant « biodégradable ».  Le CERIN et le CEDUS sont cités comme lobbyistes très actifs.

Selon lui, les ONG quant à elles, ne sont pas des lobbies car elles se battent pour l’intérêt général.

 

 

  • Chapitre 4 et 5 : Les étiquettes

 

L’information donnée sur les emballages est incompréhensible (voir inutile) pour le grand public, incomplète, voire trompeuse.

Les traitements ne sont pas indiqués sur l’emballage, ni les auxiliaires technologiques. Il y a également, tricherie sur le poids/prix, les origines.

Exemple du miel : « Comme c’est obligatoire d’indiquer l’origine, on mélangera du chinois avec un tout petit peu d’espagnol ou de roumain, et on pourra écrire « mélange de miels originaires et non originaires de la CE (au lieu d’indiquer origine Chine.) » p115

 

Au sujet de l’étiquetage nutritionnel, l’ANIA est citée : « Selon la communication de l’Ania, tout cela est finalement inutile car « aucun aliment ne peut être considéré en soi comme bon ou mauvais pour la santé … Enfermer les aliments dans un code couleur conduit souvent à raisonner de manière binaire et erronée ». Si on les écoute, tout se vaut : soda ou eau minérale, steak entier et hamburger, salade ou frites, légumes frais ou ketchup … Il faudrait mettre la pastille verte pour tout le monde ! Affligeant ! »

 

  • Chapitre 6 : Les idées reçues

 

Les premiers prix ne sont pas de bonnes affaires :  Lidl est l’entreprise qui dépense le plus d’argent en publicité.

 

Au sujet des marges : « Concernant les marges soi-disant abusives des industriels, là encore le système est biaisé. Les grandes surfaces appliquent les marges qu’elles veulent sur les produits et pénalisent un maximum les produits de la marque, notamment par le système des marges arrière. » p141

 

Les prix toujours bas demandent des ingrédients de mauvaise qualité (exemple des champignons véreux).

 

Il faut changer ses habitudes alimentaires :

  • Fuir les sodas
  • Proscrire les confiseries, barres chocolatés, céréales du petit déjeuner, pâtes à tartiner à l’huile et au sucre
  • Suivre les recommandations du PNNS et surtout faire la cuisine

 

L’Etat n’est pas protecteur. La délégation des contrôles pose des problèmes. Il n’y a pas de sanctions dissuasives. Peu de poursuites judiciaires (exemple de l’affaire Lactalis…). Tous les produits chimiques autorisés aujourd’hui sont des poisons.

L’industrie agroalimentaire voit chaque consommateur comme un portefeuille. La malbouffe est partout et pas uniquement dans le fastfood.

 

  • Partie II : les grandes surfaces

 

Il passe en revue chaque rayon : fruits et légumes, boucherie et charcuterie, boulangerie et pâtisserie, poissonnerie, fromages, surgelés, l’épicerie …

 

Ce que l’on retient de ses recommandations :

  • Privilégier les fruits et légumes bio
  • Consommer moins de viande et de charcuteries
  • Pour la boulangerie choisir le pain traditionnel
  • Pour les poissons, attention aux appellations trompeuses
  • Pour le fromage éviter absolument les fromages fondus et « autres » préparations fromagères »
  • Consommer du vrai beurre et des huiles végétales
  • Consommer yaourts et petits suisses nature agrémentés de confiture ou de miel
  • Pour les desserts lactés frais il faut en acheter le moins souvent possible et privilégier les grandes marques et les listes d’ingrédients courtes
  • Les surgelés : éviter les produits préparés ou transformés en Chine
  • Pour les plats cuisinés surgelés : ils ont souvent moins d’additifs que les plats frais.

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