LES ECHOS //Les prix des denrées alimentaires au plus haut depuis dix ans

Économie Le 03/06/2021

L’indice des prix alimentaires de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) progresse pour le douzième mois consécutif à des niveaux jamais vus depuis 2011. Le spectre d’une crise alimentaire revient hanter le monde agricole. Le temps sec au Brésil a largement contribué à la hausse du maïs et du sucre.

 

La hausse des prix alimentaires commence à peser lourd sur le portefeuille des consommateurs et ravive les craintes de crise alimentaire . Depuis un an, le coût des denrées de base mesuré par l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) ne cesse d’augmenter. En mai, l’indice a progressé pour le douzième mois consécutif et s’établit désormais à 127,1 points. Avec un bond de 5,8 points – la plus forte hausse mensuelle depuis 2010 – le prix d’un panier de denrées alimentaires de base atteint son plus haut niveau depuis septembre 2011.

Il ne se situe qu’à quelques encablures du record historique de février 2011, année marquée par une crise alimentaire en partie à l’origine des printemps arabes. « Nous avons très peu de marge pour tout choc sur la production. Nous avons très peu de marge pour toute hausse inattendue de la demande dans un pays », a prévenu Abdolreza Abbassian, économiste de la FAO. La hausse des prix pèse d’autant plus sur les porte-monnaie qu’elle intervient au moment où les revenus des ménages chutent en raison de la crise économique.

Sécheresse au Brésil

La flambée des prix s’explique d’abord par le renchérissement des céréales et en premier lieu du maïs. Malgré une décrue depuis son pic début mai à 7,75 dollars, le boisseau de maïs à Chicago progresse de 40 % depuis le début de l’année. « La révision à la baisse des perspectives de production pour le Brésil a accru la pression sur les disponibilités mondiales, qui étaient déjà limitées en raison d’une demande qui ne faiblit pas », détaille la FAO.

Le Brésil est devenu un acteur clé du maïs avec la « Safrinha », qui signifie en portugais, « la petite récolte qui arrive en deuxième », après le soja moissonné en février. Grâce à la « Safrinha », la production brésilienne de maïs est passée en 20 ans de 35 millions de tonnes à 100 millions. « Au départ, c’était une culture d’opportunité, mais elle est devenue un pilier de la production mondiale de maïs, bien que son rendement soit hasardeux », expliquait récemment Sébastien Poncelet, directeur du développement chez Agritel.

Cette année, les semis de maïs ont été retardés de quelques semaines. A cela il faut ajouter une sécheresse pendant tout le mois d’avril. Déjà 10 % du potentiel de récolte est perdu estime le cabinet Agritel. En revanche, la demande ne faiblit pas, notamment avec la Chine qui reconstitue son cheptel de porcs décimé par la peste porcine africaine.

Tensions sur le sucre et le café

Le manque d’eau au Brésil est aussi à l’origine de la hausse des cours du sucre, dont le pays est le premier exportateur au monde. Au-delà des denrées de base, il est l’un des principaux facteurs de tension sur le prix du café arabica qui a pris 23 % depuis janvier. « Les mouvements sociaux en Colombie ont empêché certaines exportations et la fermeture d’entrepôts au Brésil à cause de cas de Covid ont créé la panique sur le marché du café », ajoutent les analystes de Rabobank.

Le cours de l’huile de palme, lui, s’est tendu en raison de la faible croissance de la production dans l’Asie du sud-est. Des inondations au sein des plantations en Malaisie et en Indonésie ont entravé la récolte. Pour l’huile de soja, la hausse s’explique par une forte demande pour la fabrication d’agro-gazole. Du boeuf au porc en passant par la volaille, toutes les viandes ont vu leur prix se raffermir, « principalement en raison de l’accélération des achats à l’importation dans les pays d’Asie de l’Est, surtout en Chine » selon la FAO.

 

Etienne Goetz

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