De très nombreuses entreprises alimentaires ont reçu un courrier de l’enseigne Carrefour les informant d’une évolution de son schéma de flux d’approvisionnement à compter du 1er juillet 2021, qui a pour conséquence une bascule en flux tendu de la totalité de ses assortiments avec une livraison des stricts besoins des magasins (pour les entrepôts AB et l’entièreté des enseignes hormis la Proximité).
Cette modification, annoncée avec un délai de prévenance très court (2 mois) et de manière unilatérale sans concertation, a des conséquences non négligeables pour les entreprises.
ACTION COLLECTIVE ANIA
Richard Girardot a donc adressé le 6 mai un courrier à Monsieur Rami Baitieh, Directeur exécutif Carrefour France afin de lui faire part des impacts pour les entreprises :
- Impossibilité de se conforter à ce nouveau schéma dans un délai aussi restreint que celui laissé par l’enseigne et le risque de pénalités logistiques que cela pourrait engendrer ;
- Le surcoût annuel de la modification de ce schéma logistique qui est estimé à plusieurs centaines de milliers d’euros par an pour les entreprises (et qui n’a pas été pris en compte lors des négociations 2021 qui viennent de s’achever) ;
- La contradiction d’un tel schéma d’approvisionnement qui semble contraire à la politique RSE mise en avant par Carrefour mais aussi celle des entreprises alimentaires.
L’ANIA a aussi rappelé dans le courrier adressé à Carrefour que la CEPC dans un avis n° 10-13 du 29 septembre 2010 (repris dans le guide de bonnes pratiques logistiques 19-1) a estimé que « la mise en œuvre d’un nouveau schéma logistique exigé par le distributeur nécessite notamment que des délais d’adaptation suffisants (plusieurs mois) soient accordés, et la prise en compte des surcouts de cette modification dans la relation commerciale entre les parties ».
Pour rappel, bien qu’elle n’ait pas force de loi, cette recommandation a vocation à souligner les bonnes pratiques et pourra, en cas de litige ou de contrôle des autorités, permettre d’établir a contrario un éventuel comportement abusif dans les relations fournisseurs – distributeurs. La DGCCRF est partie prenante de cette recommandation et les pouvoirs publics sont attachés à son respect par les opérateurs.
L’ANIA a demandé à l’enseigne d’appliquer les recommandations mentionnées dans le courrier, et surtout de prendre en considération les impacts financiers et opérationnels pour les entreprises de l’alimentaire.
Par ailleurs, l’ANIA invite chaque entreprise à adresser également un courrier à l’enseigne pour lui faire part des impacts de cette modification.